17h30: Projection du film “La bataille de L’eau noire”

Belgique, 1978. Le Ministre des Travaux publics projette un immense barrage dans la vallée de l’Eau Noire, en amont de la petite ville de Couvin. Mais les habitants se transforment en de fiers Irréductibles et livrent une flamboyante guérilla… Un film choral qui communique la joie et la force d’un mouvement populaire en tous points exemplaire.

19h30: Repas

20h30: Discussion autour de différentes luttes dites “territoriales” (No Tav, ZAD de Notre Dame des Landes, Roybon, etc).

« Nous habitons ici, et ce n’est pas peu dire. Habiter n’est pas loger. Un logement n’est finalement qu’une case, dans laquelle on « loge » de gré ou de force les gens après leur journée de travail et en attendant la suivante. C’est une cage dont les murs nous sont étrangers. Habiter, c’est autre chose. C’est un entrelacement de liens. C’est appartenir aux lieux autant qu’ils nous appartiennent. C’est ne pas être indifférent aux choses qui nous entourent, c’est être attaché-e-s : aux gens, aux ambiances, aux champs, aux haies, aux bois, aux maisons, à telle plante qui repousse au même endroit, à telle bête qu’on prend l’habitude de voir là. C’est être en prise, en puissance sur nos espaces. C’est l’opposé de leurs rêves cauchemardesques de métropole où l’on ne ferait que passer. Habiter ici, c’est ne plus pouvoir imaginer comment tout ça pourrait disparaître : parce que ça, c’est ce qui fait nos vies. »

Ces dernières années, nous avons vu s’épuiser une forme de lutte, celle des mouvements sociaux. Les défaites des grèves étudiantes, lycéennes ou contre la réforme des retraites ont été suivies d’un recul qui a laissé un vide dans la rue, une absence de perspectives collectives à même d’ébranler le pouvoir. Pourtant, de nouveaux fronts de lutte se sont ouverts : non plus pour se battre pour des droits ou contre des réformes, mais en considérant que le pouvoir réside aujourd’hui dans une série d’infrastructures logistiques (dans l’urbanisme, dans une nouvelle ligne à grande vitesse, dans un aéroport ou dans un centre commercial). À partir de là, nous avons vu se dessiner de manière concrète des perspectives qui pourraient être victorieuses. Que ce soit sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou dans le val de Suse en Italie, nous avons découvert des manières de vivre et de lutter qui ont su mettre des bâtons dans les roues des aménageurs de territoire. Ainsi, malgré les chantages à la croissance, les pseudo débats publics, les pressions judiciaires et les troupes policières, on voit surgir depuis divers lieux une conviction contagieuse : celle qu’il est toujours possible de résister victorieusement face aux tractopelles et autres extracteurs là où se met en pratique un imaginaire collectif autour de manières de vivre, de se rencontrer, de se lier pour dire que ces projets ne se feront pas.

Lors de cette soirée, nous chercherons des pistes collectives pour tenter de répondre à des questions que nous posent ces luttes :

• Comment habiter peut amener à lutter, ou comment lutter peut amener à habiter un territoire ? Autrement dit, qu’est-ce que cela veut dire d’habiter un bocage, une vallée métropolisée, une forêt boueuse, un jardin en ville ?
• Quelle serait la différence entre alternative et révolution ?
• Quel est l’imaginaire commun qui se déploie dans ces luttes ?
• Ces mouvements sont-ils forcément liés à des territoires ruraux ou peuvent-ils déborder la vieille opposition entre ville et campagne ?
• Comment s’inspirer de ces réalités ? Quels horizons nous offrent ces luttes dites « territoriales » ?